La parasha selon le Netsiv, Vaykra

Cycle : La parasha d’après le Netsiv*

 

Naftali tzvi iehuda berlin ha natziv 1a

 

Vayikra, nouveau livre, nouvel arc

 

 

Le Tabernacle est enfin érigé, inauguré. L’appel de Moshé Rabbénou par D., qui marque le début de cette Paracha et de ce nouveau livre sonne comme une invitation à Le servir, par le biais de cet édifice reliant le peuple juif à Son créateur.

L’une des sections de notre Paracha, 4ème chapitre, verset 13, parle du Sacrifice expiatoire de la communauté. Si toute la communauté d’Israël commet une transgression involontaire sur l’un des commandements négatifs de la Torah, alors « elle portera une culpabilité ».

Rachi nous précise que nous faisons ici allusion aux « Yeux du peuple », à savoir le Sanhédrin.

Le terme employé par le verset pour nous parler de la culpabilité du peuple est « ואשמו ».

Le Netsiv, dans son commentaire sur place, nous enseigne que le sens du mot אשם, coupable, dans ce contexte, implique une certaine compréhension et un discernement de la culpabilité - comme le langage usité dans Zacharie 11-5 « qu’ils ont acheté pour les tuer et ils ne seront pas lavés de leur culpabilité ».

Idée soulevée également par Rachi plus bas, sur le verset 5-23 « Ce sera lorsqu’il fautera et sera coupable », à savoir lorsqu’il va reconnaitre sa faute, pour se repentir, qu’il a l’intention de confesser sa faute et d’assumer sa culpabilité.

Donc, quand l’instance suprême de la communauté d’Israël émet un jugement erroné, le terme ואשמו renvoie à un devoir de compréhension de leur faute inintentionnelle de leur enseignement, cette reconnaissance pouvant également l’être par l’intermédiaire d’un tiers qui pourrait leur faire comprendre où se situe leur erreur.

Cependant, relève le Nestiv, quelques versets plus loin, la Paracha parle également de la faute involontaire du Nassi (c’est-à-dire, selon Rachi, le roi) et ensuite de celle de l’individu. Pour ces deux cas, la Torah a marqué clairement ואשם או הודע, « et devient coupable, s’il est porté à sa connaissance sa faute », alors que pour la transgression collective ואשמו est suivi de ונודעה, « quand la faute sera connue », le « si » exprimant une condition restrictive ayant été remplacée par la correspondance temporelle « quand », à un moment où elle sera inéluctable.

La différence, continue le Netsiv, est que la faute d’un enseignant peut-être clarifiée seulement à l’aide d’une preuve ferme. Et encore, cela peut être insuffisant, s’il décide de s’entêter et de ne pas reconnaitre la vérité, alors aucune preuve ne suffira. Alors qu’a contrario pour le Nassi ou le quidam, le mot הודע est employé à la forme passive, afin de bien signifier que la prise de conscience de la faute par lui-même, subitement, sans l’impératif d’une démonstration ferme, demeure possible.

Ainsi, conclut le Netsiv, même la prise de conscience par l’autre passe tout d’abord par soi-même. Même le Grand Sanhédrin, Moré Horaa par excellence, peut faillir et se tromper. Et là se situe un piège dans lequel il ne faut pas tomber, le piège de l’orgueil amplifié par le rang social.

Malgré les apparences, l’enseignement du Nestiv demeure actuel chez chaque personne amenée à se trouver dans la position d’enseignant. Il résonne comme un appel à ne pas se laisser emporter par ses sentiments et par sa position, et à accepter ses propres failles, afin de pouvoir reconnaitre sereinement ses torts et ne pas céder aux sirènes de l’orgueil et du pouvoir.

 

Elie DAYAN

 

* R. Naftali Tsvi Yéhouda Berlin de Volozhin (1813-1893)

 

 

Le texte dans son intégralité :

ואשמו. ונודעה וגו' – משמעות ואשמו בכל הענין שיבינו וישכילו שהמה אשמים בדבר כמו לשון הנביא זכרי' י"א ה' אשר קוניהן יהרגון ולא יאשמו. פי' שלא יראו עצמם אשמים כלל. והכי פרש"י להלן ה' כ"ג על המקרא והיה כי יחטא ואשם כשיכיר בעצמו כו' והכי הפי' כאן. ואמר המקרא או ואשמו. שיבינו מעצמם ששגו בהוראה. או ונודעה ע"י אחרים שיבינו וישכילו להם כמה שגו ברואה פקו פליליה. ובנשיא והדיו' כתיב כפירוש ואשם או הודע וגו' וכאן לא כתיב בפירוש או משום דואשמו נמשך גם להא ונודעה. שהרי שגגת הוראה לא יכול אדם להראות בירור גמור על פי בחינה שטעו אלא עפ"י הוכחה שכן הוא ואם לא יהיו רוצים להודות על האמת לא תועיל שום הוכחה דעל כל הוכחה אפשר להתעקש ולא יעמדו על המכשלה אם לא שיודו על האמת ויראו שאשמו. נמצא דגם ידיעתם על ידי אחרים בא לבסוף ע"י עצמם משא"כ בשגגת מעשה א"א להכחיש את הרואה ויודע שחטא.

 

Commentaires

  • Denden8
    • 1. Denden8 Le 16/03/2016
    Très bel article, très enrichissant. Chapeau !

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