Paracha Pin'has selon le Mechekh 'Hokhma

  Cycle : la Paracha selon le Mechekh 'Hokhma 

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La justice divine

 

La paracha de Balak,  qui précède la notre, se termine par la faute du peuple d’Israël avec les filles de Moab, leur idolâtrie vers Baal Peor, et « un des enfants d’Israël s’avançant jusque devant le Ohel Mo’ed avec une fille de Midian. Une hécatombe s’en suit, arrêtée par Pinhas lorsqu’il tue ce couple devant le Ohel Mo’ed. Vingt-quatre mille des enfants d’Israël auront péri.

Dieu donne légitimité à l’acte de Pin’has puis ordonne un recensement du peuple avant de donner les instructions sur la façon de répartir la Terre d’Israël. S’en suit alors un recensement de la tribu de Lévi.

Parmi le commentaire du Mechekh Hokhma, deux  questions sont mises en avant. La première concerne la manière dont est retracée la descendance de Lévi. De nombreux détails sont donnés, dont le fait que deux des enfants d’Aharon aient trouvé la mort lors de la consécration du Michkan. Or, note le Mechekh Hokhma, non seulement cette information a déjà été donnée lors du dernier recensement au début de notre livre de Bamidbar, mais les détails ne sont pas identiques : Au début de Bamidbar il est indiqué qu’ils sont morts en approchant un feu profane, dans le désert de Sinaï

במדבר פרק ג , ד : וַיָּ֣מָת נָדָ֣ב וַאֲבִיה֣וּא לִפְנֵ֣י ה' בְּֽהַקְרִבָם֩ אֵ֨שׁ זָרָ֜ה לִפְנֵ֤י ה' בְּמִדְבַּ֣ר סִינַ֔י וּבָנִ֖ים לֹא־ הָי֣וּ לָהֶ֑ם וַיְכַהֵ֤ן אֶלְעָזָר֙ וְאִ֣יתָמָ֔ר עַל־פְּנֵ֖י אַהֲרֹ֥ן אֲבִיהֶֽם: פ

Alors qu’ici nous n’avons que l’élément du feu profane

במדבר פרק כ, סא : וַיָּ֥מָת נָדָ֖ב וַאֲבִיה֑וּא בְּהַקְרִיבָ֥ם אֵשׁ־זָרָ֖ה לִפְנֵ֥י ה':

Nous savons déjà pourquoi Nadav et Avihou sont morts, le préciser de nouveau n’est donc pas nécessaire. De plus pourquoi au début de Bamidbar est-il indiqué que ceci se passe Bemidbar Sinaï – dans le désert de Sinaï ? N’est-ce pas là aussi quelque chose que nous savons déjà ?

Deuxième question,  la tribu de Lévi a toujours été plus petite en nombre que le reste des tribus. Du temps de l’esclavage en Egypte, la raison donnée était que contrairement aux autres tribus, ils n’étaient pas assujettis au même traitement que le reste du peuple. Ainsi le verset

שמות פרק א ,יב :כַאֲשֶׁר֙ יְעַנּ֣וּ אֹת֔וֹ כֵּ֥ן יִרְבֶּ֖ה וְכֵ֣ן יִפְרֹ֑ץ וַיָּקֻ֕צוּ מִפְּנֵ֖י בְּנֵ֥י יִשְׂרָאֵֽל:

« Plus on l’opprimait, plus sa population grossissait et débordait », ne s’appliquait pas à la tribu de Lévi.

Mais une fois sortis d’Egypte, la croissance de cette tribu n’a plus de raison d’être différente des autres tribus.

Non seulement cela, mais contrairement aux autres tribus, celle de Levi n’avait pas fauté avec le veau d’or, échappant donc à la rétribution divine. Sa petite taille n’en est que plus suspecte.

Le Mechek Hokhma apporte ses explications à ces deux questions.

Commençons par la fin : Comment expliquer la faible croissance démographique de la tribu de Lévi dans le désert.

La différence entre le recensement du début du livre de Bamidbar, la deuxième année de la sortie d’Egypte, et celle-ci, 38 ans plus tard, n’est que de 1000 naissances (22,000 garçons et hommes de plus d’un mois contre 23,000 à la 40 ème année).

Le Mechekh Hokhma nous renvoie au passouk lui-même indiquant pourquoi le recensement de la tribu de Lévi ne s’est pas fait avec les autres :

במדבר פרק כו ,סב : וַיִּהְי֣וּ פְקֻדֵיהֶ֗ם שְׁלֹשָׁ֤ה וְעֶשְׂרִים֙ אֶ֔לֶף כָּל־זָכָ֖ר מִבֶּן־חֹ֣דֶשׁ וָמָ֑עְלָה כִּ֣י׀ לֹ֣א הָתְפָּקְד֗וּ בְּתוֹךְ֙ בְּנֵ֣י יִשְׂרָאֵ֔ל כִּ֠י לֹא־נִתַּ֤ן לָהֶם֙ נַחֲלָ֔ה בְּת֖וֹךְ בְּנֵ֥י יִשְׂרָאֵֽל:

Ils n’ont pas été recensés avec les autres tribus parce qu’ils n’allaient pas recevoir de terres, contrairement aux autres tribus.

Selon le Mechekh Hokhma, cette précision ne vient pas seulement indiquer pourquoi ils ne sont pas recensés avec les autres : comme ils ne rentrent pas dans la « loterie nationale » il n’est pas nécessaire de les compter à l’aube du partage (qui est proportionnel à la taille de chaque tribu). Elle ne vient pas non plus expliquer pourquoi leur recensement est différent : on ne compte que les hommes de plus de 20 ans pour toutes les autres tribus alors qu’ici il suffit d’avoir plus d’un mois. Ceci ne vient que mettre encore plus en relief le petit nombre de recensés Lévites. Et c’est ce point qui est mis en avant. Le passouk utilise la causation « ki » par deux fois : la première relie « âgés d’un mois et au-dessus » à « car ils n’avaient point figuré dans le recensement des enfants d’Israël », la deuxième relie les nombre de recensés – 23,000 donc, à « ne recevant pas de terre parmi les enfants d’Israël ».  Le premier « ki » indique donc juste que puisque nous pouvons comparer les deux recensements – celui de la deuxième année et celui que nous avons devant nous, il est logique de recenser de la même manière. Ainsi, puisqu’au premier recensement les hommes de plus de 20 ans furent recensés dans toutes les tribus sauf celle de Lévi où le critère est d’avoir plus d’un mois, il en est de même ici.

Le deuxième « ki » lui, relie le nombre de Leviim agés de plus d’un mois (23,000 donc) au fait que cette tribu ne va pas recevoir de terre comme les autres tribus, mais plutôt des villes éparpillées parmi elles.  Si Dieu n’avait pas laissé la croissance démographique des Leviim se faire naturellement, mais au contraire les avait un peu « aidé », leur nombre aurait été élevé et aurait pu causer une nouvelle crise. Une grande tribu de Lévi voudrait en effet dire un plus grand poids sur le Peuple qui doit pourvoir à ses besoins. En les laissant croître de manière naturelle, le poids reste mesuré.

La réponse à la première question, concernant les détails donnés concernant la mort des fils d’Aharon, est par nature évidemment différente et pourtant tant similaire à celle que nous venons de voir.

Le Mechekh Hokhma explique que la raison pour laquelle la Torah indique que Nadav et Avihou sont mort dans le désert de Sinaï était qu’ils s’étaient déjà rendus passible de mort juste avant que Moché ne monte sur le Har Sinaï recevoir la  Torah

 שמות פרק כד פסוק יא :וְאֶל־אֲצִילֵי֙ בְּנֵ֣י יִשְׂרָאֵ֔ל לֹ֥א שָׁלַ֖ח יָד֑וֹ וַֽיֶּחֱזוּ֙ אֶת־הָ֣אֱלֹהִ֔ים וַיֹּאכְל֖וּ וַיִּשְׁתּֽוּ

רש"י שמות פרק כד ,יא :ואל אצילי - הם נדב ואביהוא והזקנים:

Alors pourquoi attendre jusqu’à la consécration du Michkan ? Parce que nous sommes à un grand moment heureux, celui du mariage entre Dieu et le Peuple ? La consécration du Michkan serait-elle un événement moins heureux ?

La différence entre les deux événements était que lorsque Nadav et Avihou se sont rendus passible de mort, leur père Aharon n’avait pas fauté. S’ils devaient recevoir leur dû à ce moment, Aharon aurait souffert sans qu’il n’y ait une raison pour. Or Dieu est juste. A l’inauguration du Michkan par contre, Aharon devait sacrifier « un veau pour expier la faute par le veau » - le veau d’or. Il s’était déjà rendu coupable d’une faute et donc la souffrance engendrée par la mort de ses fils ne serait plus « gratuite » (le même raisonnement est appliqué au fait que ni Nadav ni Avihou n’avaient de fils, évitant ainsi que des fils n’ayant pas fauté souffrent par la faute de leurs pères).

Bien que ces deux commentaires apportés par le Mechekh Hokhma se suivent et concernent tous deux le recensement de la tribu de Levi, ils ne paraissent pas avoir de lien. Et pourtant, en les examinant de plus près, les deux reflètent une même caractéristique : celle de montrer combien Dieu est juste est comprend la nature humaine. Dans les deux cas, la loi est rendue : le peuple d’Israël doit prendre soin que les besoins de la tribu de Lévi soient pris en charge, et la faute de Nadav et Avihou ne peut rester sans rétribution. Mais dans les deux cas, Dieu prévoie que cela soit fait de manière juste : que la pression financière ne pèse pas trop sur le peuple, et que la peine du décès ne survienne qu’une fois qu’Aharon se soit déjà rendu passible du courroux divin.

צַדִּ֣יק ה' בְּכָל־דְּרָכָ֑יו וְ֝חָסִ֗יד בְּכָל־מַעֲשָֽׂיו )  תהלים פרק קמה יז)

Nathalie LOEWENBERG

 

 

 

*Rav Méïr Sim’ha haCohen de Dvinsk. 1843-1926

Texte original :

משך חכמה במדבר פרק כו

(סא) וימת נדב ואביהוא בהקריבם אש זרה לפני ה'. (במדבר ג, ד)... "ובהקריבם וכו' במדבר סיני ובנים לא היו להם ויכהן אלעזר ואיתמר על פני אהרן אביהם". מדרש רבה פרשת אחרי (פרשה כ פיסקא י): אמר ר' מאיר, וכי במדבר סיני מתו?! אלא מלמד שמהר סיני נטלו איפופסין שלהם למיתה. משל למלך שהיה משיא בתו (ונמצא בשושבינה דבר של שמצה. אמר המלך: אם הורגו אני עכשיו אני) מערבב שמחת בתי, (אלא למחר שמחתי באה, והוא טב בשמחתי ולא בשמחת בתי. כך אמר הקדוש ברוך הוא: אם אני הורגם עכשיו, הריני מערבב שמחת בתי - למחר שמחתי באה. "בתי" - זו התורה, הדא הוא דכתיב - שיר השירים ג, יא - "ביום חתונתו וביום שמחת לבו", "ביום חתונתו" - זה הר סיני, "וביום שמחת לבו" - זה אהל מועד) (עכ"ל המדרש). יתכן על פי דברי המדרש דבפרשת קדושים (ויקרא רבה כד, ב): ר' ברכיה בשם ר' לוי אמר: הדא הוא דכתיב (תהלים צב, ט) "ואתה מרום לעולם ה'" - לעולם ידך בעליונה. בנוהג שבעולם, מלך בשר ודם יושב בדין, בזמן שהוא נותן דימו, כל העם מקלסים אותו, ובזמן שהוא נותן ספקולא, אין כל בריה מקלסת אותו, מפני שהם יודעים שיש שטף בדינו. אבל הקדוש ברוך הוא אינו כן, אלא בין במידת הטוב בין במידת פורענות - "ואתה מרום לעולם ה'", לעולם ידך בעליונה (עכ"ל המדרש). פירוש, דאם לבשר ודם יחטא אדם, הורגו לפי המשפט. אבל מה שיש צער לאביו שאין לו בן, זה שלא במשפט, אך בחנם. לא כן במלך מלכי המלכים הקדוש ברוך הוא, אם מעניש לאחד, כולם חייבים - הבן חייב והאב גם כן. וזה 'שיש שטף בדינו', שבמידת בשר ודם יש אחד מה שאינו חייב וסובל העונש. ולכן נדב ואביהוא שנתחייבו מיתה מהר סיני - שאכלו ושתו ויחזו אלקים (שמות כד, יא) - אבל הצער לאהרן לא היה בדין. לכן המתין עד כאן, שבא אהרן לכפר חטא העגל בעגל, וגם הוא חייב הצער לכפר על עון העגל שעשה. מה שאין כן אז, עדיין לא היה חייב אהרן. וזה "ובנים לא היו להם" - הא אם היו להם בנים לא מתו, בשביל שהבנים לא יהיו להם אב. ואי משום צער אלעזר ואיתמר שמתו אחיהם [שהם לא נתחייבו לא בעגל ולא במדבר סיני] - "ויכהן אלעזר וכו'", שהיה להם עילוי על ידי זה, שנתהוו כהנים במקומם. ולכן מתו בני אהרן, והבן.

משך חכמה במדבר פרק כו

(סב) ויהיו פקודיהם שלושה ועשרים אלף, כל זכר מבן חודש ומעלה, כי לא התפקדו בתוך בני ישראל, כי לא נתן להם נחלה בתוך בני ישראל. הקדמונים נתפלאו מדוע שבט לוי היה מעט במספרו נגד שארי השבטים. וראיתי שנותנים טעם שבת קול אמרה (שמות א, יב) "וכאשר יענו אותו כן ירבה וכן יפרוץ", והם לא היו בקושי השעבוד, לכן לא היו בכלל "כן ירבה וכן יפרוץ". אבל מדוע לא נתרבו במדבר תמוה, כי במנין הראשון (במדבר ג, לט) היו שנים ועשרים אלף! ורש"י הביא מן הירושלמי דיומא שנהרגו כמה משפחות. אולם לדעתי כי לו נתכנו עלילות, והיה צופה ומביט כי שבט לוי, לגיון של מלך, לא ינחלו נחלה, רק ערי מגרש בתוך בני ישראל. ואם בני לוי יהיו רבים במספר, הלא יצעקו מדוע נגרע חלקם, וגם על בני ישראל יהיה כבד הדבר לכלכל עם גדול כמוהו. וכאשר מצאנו בבני יוסף (יהושע יז, יד) שצעקו כי ה' ברכם בעם רב, והמקום צר להם לשבת. לכן היה מחכמת הבורא לבלי הרבות אותם על דרך נסיי, רק יהיה מספרם בדרך טבעי, והיו כ"ג אלף מבן חודש ומעלה. ויתכן לכלול זה בכוונת הפסוק: "ויהיו פקודיהם שלושה ועשרים אלף, כל זכר מבן חודש ומעלה", לכן היה מנינם מבן חודש, "כי לא התפקדו בתוך בני ישראל" שמנינם היה מבן עשרים. ולמה היה מנינם פחות כל כך רק כ"ג אלף במספר - "כי לא ניתן להם נחלה בתוך בני ישראל", לכן היו מעטים במספר, ולא חלה עליהם הריבוי המופלג מברכת אלקי. ובמנין ראשון היו נמנים מבן חודש, כדי לפדות הבכורים מבן חודש, לכן לא היו נמנים בתוך בני ישראל.

 

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