Ythro : Délimiter la montagne

  Cycle : la Paracha selon le Mechekh 'Hokhma*

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 MECHE'H HO'HMA SUR YITHRO. DELIMITER LA MONTAGNE

 

Il y a de nombreuses années, Rav Nathan Shulman, disparu il y a quelques semaines, nous a interpellés à propos de la dernière directive donnée à Moché avant d'énoncer les Assereth haDiberoth.


 Relisons ce passage:
(19/20) Hachem descendit sur le mont Sinaï, au sommet de la montagne. Hachem appela Moché à y venir et Moché monta. (21) Hachem dit à Moché: "Descends avertir le peuple de ne pas se précipiter vers Hachem pour regarder, car un grand nombre parmi eux mourraient. (22) Et que les Cohanim qui s'approchent (davantage) d'Hachem se consacrent aussi, de peur qu'Hachem ne les frappe de mort". (23) Moché rétorque à Hachem: "Le peuple ne pourra pas monter sur le mont Sinaï, puisque Toi même, Tu as témoigné à notre égard en ces termes: "Fixe des limites à la montagne et consacre la. (24) Hachem lui dit: "Vas-y, descends. Tu monteras ensuite en compagnie d'Aaron. Quant aux Cohanim et au peuple, qu'ils ne se précipitent pas pour monter vers Hachem, de peur qu'Il ne les frappe de mort". (25) Moché descendit vers le peuple et lui parla…(Chemoth 19)(Référence n°1).


Comment interpréter la réponse de Moché à Hachem? Finalement, connaissant la nature humaine, son désir probable de se fondre, de s'approcher, fasciné par le Tout Puissant, Hachem désire logiquement marquer la limite. Toute Ahava doit être contrebalancé, pondéré par une Yrah, une Crainte révérencielle. Devant ce danger si légitime, comment Moché se permet-il de Lui rétorquer: "Mais il y a déjà eu avertissement"! Quelle  déclaration étrange et déplacée !


Le Méché'h Ho'hma propose une lecture passionnante de ce passage.


Pour ce dernier, Moché n'a véritablement pas compris la teneur du message divin. Car Moché a perçu la prescription  dont parle ce passage, comme une délimitation physique, spatiale: "Fixe des limites à la montagne "est l’interprétation qu’il donne à la prescription divine (verset 23). En effet, de façon classique, l'on pense que lors du Décalogue, chaque catégorie du peuple avait son espace. Et celui qui était plus proche d'Hachem avait un espace avoisinant le "Point Central". Ainsi, sur cette montagne, il y avait les enfants, les femmes, le peuple, enfin les Anciens, puis Aharon et finalement Moché, tous placés en cercles concentriques. Cela est peut-être vrai. Mais à cette description spatiale, notre Maitre propose un schéma tout autre. La délimitation dont on parle correspond à une délimitation au sein de chacun des membres du peuple. A lui de savoir jusqu'à où aller lors de ce moment prophétique. Comme si cette obligation de devoir entendre la parole divine m'impose, ipso facto, par là même, de savoir jusqu'à où pouvoir entendre ! La délimitation se fait d'abord dans ma tête ! Moché entend: "Fixe des limites à la montagne"(verset 23) alors qu'Hachem avait précisé: "Et tu délimiteras le peuple autour en précisant: Soyez bien attentif à ne pas gravir la montagne…( verset 12). Délimiter le peuple! Selon les termes de notre auteur: C'est Israël lui-même, les membres de cette Eda, de cette Communauté de témoignage, qui sont la Me'hitsa du Kovod divin !


Cette leçon magistrale se poursuit lors du quotidien du Michkan. Rappelons-nous tout d'abord que pour Ramban, le Michkan était un "Har Sinaï portatif", si l'on peut s'exprimer ainsi (25/1) (Référence n°2). A la nuée du Décalogue répond celle du Tabernacle, à l'interdiction d'aller au delà d'une certaine limite durant le don de la Thora, répond en écho la différence entre le Hé'hal et le Kodech haKodachim au sein duquel le Cohen Gadol ne pénétrait qu'une fois l'an, Yom Kippour, et ce, accompagné par toute une Avoda. Et le Méché'h Ho'hma de  poursuivre son idée: " La Kedoucha du Hé'hal ne s'impose que lorsque l'on pénètre par l'avant du Michkan; tel, sur la montagne du Sinai, où la sainteté n'était exigé, prescrite, que pour celui qui foulait cet espace du Sinai en traversant les rangs du peuple". Comme si la montagne n'était pas sainte, ni le Michkan en tant que tels; le Méché'h Ho'hma le précisera ailleurs: Si une personne impure touche l'arrière du Saint des Saints, elle ne subira aucun dommage! Car leur Kedoucha ne se vit qu'en franchissant naturellement les différentes étapes du Lieu  et en dépassant les limites auxquelles je suis soumis. Et notre auteur précisera, dans son commentaire sur le verset qui suit: "Il semble, comme nous l'avons expliqué plusieurs fois, qu'un lieu n'est pas Kadoch-consacré-, suite à une apparition divine, car dès l'achèvement du Décalogue, tous peuvent gravir la montagne" (référence n° 3).


Permettez nous de proposer une nouvelle référence qui résume de façon lumineuse cette ambigüité entre la compréhension de Moché et l'ordre d'Hachem. Dans la Sidra de Terouma, à propos de l'élaboration du Michkan, le verset prescrit:" Et tu feras un rideau (paro'heth) bleu, pourpre…en travail de tissage" (maassé 'hochèv) (Chemoth 26/31). La paro'heth est ce rideau qui sépare le Kodech haKodachim -le Saint des Saints- du reste de la Demeure. Cette séparation est l'œuvre de tissage. Par contre, à l'intérieur de ce même lieu, vers la cour, cette  séparation était un travail de broderie (maassé rokem) ! Il faut le génie du Méché'h 'Ho'hma pour s'apercevoir d'une subtilité pareille ! (La différence entre le tissage et la broderie consiste dans le fait que la broderie est un art de décoration des tissus qui consiste à ajouter sur un tissu un motif plat ou en relief fait de fils simples, parfois en intégrant des matériaux tels que paillettes, perles voire pierres précieuses; Le tissage est un procédé de production de textile dans laquelle deux ensembles distincts de filés ou fils sont entrelacés à angle droit pour former un tissu). Comme si dans cette démarcation entre le Kodech haKodachim et le reste, le rideau était façonné d'un seul tissu alors que pour la cour, ce voile était brodée; sur ce dernier tissu, le motif était  "plaqué" artificiellement, superficiellement. Et notre auteur de poursuivre: "Cette différence entre le tissage et la broderie se retrouve au niveau des habits du Cohen. Puisque les habits qui distinguent le Cohen Gadol (Ephod et 'Hochen) sont l'œuvre de tissage alors que pour ses parures identiques à celles des autres Cohanim (Ketoneth, Mitsnefeth et Avneth; 28/39), ce sera l'ouvrage de broderie! (Référence n° 4).


Enfin, en quelques mots, le Méché'h 'Ho'hma explique le lien entre les différences de démarcations, soulignées par les rideaux au sein du  Michkan et les particularités mis en avant par les habits du Cohen Gadol et ceux de ses frères: c'est parce que le Cohen Gadol ne pénètre pas "simplement" dans le Saints des Saints; mais il est lui-même Kodech haKodachim! (Référence n° 5).

Comme si la Me'hitsa humaine du Décalogue se retrouvait tout au long des quarante années du désert (Référence du texte de base n° 6).
Souhaitons à nos lecteurs une flamme identique à celle que nous ressentons souvent devant une lecture si riche et exigeante de cet auteur.

 

Rabbin Claude SPINGARN

 

*Rav Méïr Sima’ha haCohen de Dvinsk. 1843-1926

*Texte original :

שמות פרק יט

(כ) וַיֵּרֶד יְקֹוָק עַל הַר סִינַי אֶל רֹאשׁ הָהָר וַיִּקְרָא יְקֹוָק לְמֹשֶׁה אֶל רֹאשׁ הָהָר וַיַּעַל מֹשֶׁה:(כא) וַיֹּאמֶר יְקֹוָק אֶל מֹשֶׁה רֵד הָעֵד בָּעָם פֶּן יֶהֶרְסוּ אֶל יְקֹוָק לִרְאוֹת וְנָפַל מִמֶּנּוּ רָב:(כב) וְגַם הַכֹּהֲנִים הַנִּגָּשִׁים אֶל יְקֹוָק יִתְקַדָּשׁוּ פֶּן יִפְרֹץ בָּהֶם יְקֹוָק:

(כג) וַיֹּאמֶר מֹשֶׁה אֶל יְקֹוָק לֹא יוּכַל הָעָם לַעֲלֹת אֶל הַר סִינָי כִּי אַתָּה הַעֵדֹתָה בָּנוּ לֵאמֹר הַגְבֵּל אֶת הָהָר וְקִדַּשְׁתּוֹ:

(כד) וַיֹּאמֶר אֵלָיו יְקֹוָק לֶךְ רֵד וְעָלִיתָ אַתָּה וְאַהֲרֹן עִמָּךְ וְהַכֹּהֲנִים וְהָעָם אַל יֶהֶרְסוּ לַעֲלֹת אֶל יְקֹוָק פֶּן יִפְרָץ בָּם:

(כה) וַיֵּרֶד מֹשֶׁה אֶל הָעָם וַיֹּאמֶר אֲלֵהֶם:

רמב"ן שמות פרק כה פסוק ב

וסוד המשכן הוא, שיהיה הכבוד אשר שכן על הר סיני שוכן עליו בנסתר. וכמו שנאמר שם (לעיל כד טז) וישכן כבוד ה' על הר סיני, וכתיב (דברים ה כא) הן הראנו ה' אלהינו את כבודו ואת גדלו, כן כתוב במשכן וכבוד ה' מלא את המשכן (להלן מ לד). והזכיר במשכן שני פעמים וכבוד ה' מלא את המשכן, כנגד "את כבודו ואת גדלו". והיה במשכן תמיד עם ישראל הכבוד שנראה להם בהר סיני. ובבא משה היה אליו הדבור אשר נדבר לו בהר סיני. וכמו שאמר במתן תורה (דברים ד לו) מן השמים השמיעך את קולו ליסרך ועל הארץ הראך את אשו הגדולה, כך במשכן כתיב (במדבר ז פט) וישמע את הקול מדבר אליו מעל הכפרת מבין שני הכרובים וידבר אליו. ונכפל "וידבר אליו" להגיד מה שאמרו בקבלה שהיה הקול בא מן השמים אל משה מעל הכפרת ומשם מדבר עמו, כי כל דבור עם משה היה מן השמים ביום ונשמע מבין שני הכרובים, כדרך ודבריו שמעת מתוך האש (דברים ד לו), ועל כן היו שניהם זהב. וכן אמר הכתוב (להלן כט מב מג) אשר אועד לכם שמה לדבר אליך שם ונקדש בכבודי, כי שם יהיה בית מועד לדבור ונקדש בכבודי:

משך חכמה שמות פרק יט פסוק יג

במשוך היובל המה יעלו בהר. מה שאמר ההיתר תיכף [והיתר ד"לכו לאהליכם" אמר בסוף] משום שלימדה תורה דרך ארץ שלא יסיים בדבר רע שכתוב "לא יחיה". וזה שכיוונו חז"ל - דבאמת כל עיקר הדת היה כדי לעקור מלבות בני ישראל עניני עבודה זרה ולהראות להם כי לא ראו כל תמונה, וכמו שהארכתי לעיל (יב, כא) כי אין קדושה בשום נברא רק להבורא יתברך. וזה שאמרו שלא תדמו כי ההר הוא ענין קדוש ובסיבתו נגלה השם עליו - לא כן בני ישראל. כי "במשוך היובל (המה יעלו בהר"), והוא מעון חיות ובהמות. רק כל זמן שהשכינה עליו הוא קדוש מסיבת קדושת הבורא יתברך שמו. לכן אמר (תענית כא, ב) כי לא המקום מכבד את האדם אלא האדם מכבד את מקומו וכו'. וזה רעיון נכבד. ולכן בבית עולמים שקדושתן לעולם לכן שלא ידמו שיש קדושה בעצם הבנין, לכן מותרים ליגע כל הטמאים אף טמאי מתים מאחוריו, וכמו שדרשו בתורת כהנים פרשת תזריע (פרק א, ד) מ"לא תבא" (ויקרא יב, ד) דמאחורין מותרין ליגע בו כל הטמאים, להראות דרק ממי ששכן שמו בתוך הבית הזה אתה ירא, ובפנים ממנו קודש, לא מאחוריו, שמפנים הלוחות והעדות ומשכן הכבוד:

....ועוד נראה כמו שבארנו בכמה מקומות, דעל ידי מעשה גבוה לא נתקדש שום דבר, רק בהקדישו האדם. ולזה מוכרחין אנו לפרש המקרא (פסוק כג) הלא "אתה העידות בנו לאמר הגבל את ההר וקדשתו", לא שהשם ציוה למשה שיקדש ההר, רק שהוא שב אל השי"ת, שהוא יקדש אותו במה שירד לעיני כל העם על ההר. ואינו ציווי רק הוא עתיד [עבר מהופך ע"י הוי"ו לעתיד]. עוד נראה שלכן אמרו ז"ל (סוכה ה, א) מעולם לא ירדה שכינה למטה מעשרה, והלא היה מקום הכבוד למעלה מעשרה, ולא נתקדש קרקע ההר, ודו"ק בכל זה.

 

שמות פרק כו פסוק לא

וְעָשִׂיתָ פָרֹכֶת תְּכֵלֶת וְאַרְגָּמָן וְתוֹלַעַת שָׁנִי וְשֵׁשׁ מָשְׁזָר מַעֲשֵׂה חֹשֵׁב יַעֲשֶׂה אֹתָהּ כְּרֻבִים:

 

משך חכמה שמות פרק כו פסוק לא

(לא) ועשית פרכת וכו' מעשה חושב יעשה אותה. לפי שאין כאן הפסק בין קדשי קדשים להיכל במחיצה, לכן הפרוכת היה מעשה חושב, לרמז על ההבדל אשר מצד פרוכת זה לצד פרוכת זה, לכן היה ארי מצד זה ונשר מצד זה. לא כן במסך לפתח האהל ולפתח החצר היה "מעשי רוקם" (כו, לו), שהיו המחיצות מבדילות בין הפנים לחוץ. ולכן נסתפקו מקום מחיצות גופייהו אי קדושת חוץ להן או קדושים כמו בפנים, יעויין שם ביומא נא, ב. ולכן הכהן הגדול שנקרא קודש קדשים, ומעלתו היה שנכנס להקטר לפני ולפנים, אשר שם ההפסק במעשה חושב, לא במחיצה, לכן נעשה בגדיו: - האפד וחושן "מעשי חושב". וכתונת ומצנפת ואבנט (כח, לט) - שבהן שוה לכהן הדיוט, אשר זה יורה על ההגשה למזבח אשר עומד בחצר - נעשה "מעשה רוקם" ודו"ק.

 

שמות פרק כו פסוק לג

וְנָתַתָּה אֶת הַפָּרֹכֶת תַּחַת הַקְּרָסִים וְהֵבֵאתָ שָׁמָּה מִבֵּית לַפָּרֹכֶת אֵת אֲרוֹן הָעֵדוּת וְהִבְדִּילָה הַפָּרֹכֶת לָכֶם בֵּין הַקֹּדֶשׁ וּבֵין קֹדֶשׁ הַקֳּדָשִׁים:

משך חכמה שמות פרק כו פסוק לג

(לג) והבדילה הפרוכת לכם בין הקודש ובין קודש הקדשים. יתכן שכוון על דרך מה שאמר בדברי הימים (- א, כג, יג) "ויבדל אהרן להקדישו קודש קדשים וכו'". וזה שאמר כי הפרוכת הוא יבדיל לכם "בין הקודש ובין קודש הקדשים", שאהרן שמצווה לבוא מפנים הפרוכת, הוא "קודש קדשים". אבל מי שהוא "קדש" לבד אסור לבא מבית הפרוכת. וזה שאמר "והבדילה וכו' לכם" - שמצד הש"י השוכן בין הכרובים אין הבדל כי הוא "מלא כל הארץ כבודו", רק מצדכם הוא הבדל. ודו"ק.

 

שמות פרק יט פסוק יב

וְהִגְבַּלְתָּ אֶת הָעָם סָבִיב לֵאמֹר הִשָּׁמְרוּ לָכֶם עֲלוֹת בָּהָר וּנְגֹעַ בְּקָצֵהוּ כָּל הַנֹּגֵעַ בָּהָר מוֹת יוּמָת:

משך חכמה שמות פרק יט פסוק יב

(יב) והגבלת את העם סביב לאמר. הענין דהכבוד האלקי והנבואה היה עד מקום שישראל עומדים נגד ההר, וכמו שאמר (דברים ה, ד): "פנים בפנים דיבר ה' עמכם בהר". וכמו שבעזרה אמר בתורת כהנים (ריש תזריע) שמותר בנגיעה ואסור בביאה, משום שהכתלים הם חוצצים בין משכן ה' לחוצה, כן כאן היו ישראל המחיצות החוצצים בין גלוי כבוד אלקים לזולתו. ולכן ההר היה אסור בנגיעה שלא כלתה מקום הכבוד מן ההר. ולכן אמר כי הכבוד יש לו גבול, ומה גבולו? זה "העם סביב". וזה "והגבלת" - במה? "את העם" - עם "העם סביב", שהם יהיו המגבילים. לכן - "השמרו לכם (עלות בהר) ונגוע בקצהו וכו' ויאמר ה' (אל משה: רד) העד בעם פן יהרסו אל ה' לראות" (פסוק כא) - זהו על ההבטה הנבואית יותר מכח אלקי השופע עליהם שיעמיקו להביט אל הדברים שכיסה עתיק יומין. "ויאמר משה (אל ה') לא יוכל העם לעלות" - למעלה נבואה כזו - ("אל הר סיני) כי אתה העדות בנו לאמר הגבל את ההר וקדשתו" (פסוק כג). ("ויאמר ה' אליו) לך רד ועלית" - פירוש שלא תדמה כי הכבוד והגלוי יהיה רחוק ממקום ישראל. לא כן כי "פנים בפנים" ידבר עמהם, והגלוי יהיה סופו עד מקום שעומדים העם, והם יהיו המחיצות למקום הכבוד, וההר הוא כמו ההיכל, ואצל העם הוא כמו עזרה. וכמו שאמרו במנחות (כז, ב) שקדושת ההיכל אינו רק כשנכנס דרך עזרה, כן קדושת ההר אינו רק למי שנכנס דרך מקום שעומדים העם. לכן "לך רד ועלית" וגו' - כי אז תחול הקדושה אליך ביתר שאת - "והכהנים והעם אל יהרסו וכו'". ובמנחות דף כז, ב הוא אצל הנכנס לבית הכפורת, דממעט דרך משופש אפילו בדרך ביאה, כמו שפירשו בתוספות שם יעויין וד"ק.

ולכן כיון שישראל המה היו מחיצות הכבוד והמה היו משכן לאלקות, כן נשאר קדושתן לעולם, וכמו שאמר (שמות כח, ח) "ושכנתי בתוכם", וכמו שכתוב (ירמיה ז, ד) "היכל ה' המה". ולכן, (מגילה כט, א) 'גלו לבבל שכינה עמהם', וכמו מחיצות וקרשי המשכן. אבל ההר, קדושתו לשעה, וכמו כל מקום שעמד המשכן, לכן בהר כתוב ההיתר תיכף "במשוך היובל המה יעלו בהר" (פסוק יג) שמעיקרא לא נתקדש רק לשעה. אבל ישראל קדושתן לעולם, לכן אחר זמן התיר להם "שובו לכם לאהליכם" (דברים ה, כז).

וזה ביאור הילקוט (יתרו שא) "ויעמד העם מרחוק" - מבית הבחירה נדבר עמו, דכתיב (בראשית כב, ד) "וירא את המקום מרחוק". שישראל היו הן המחיצות לההר וקדושתן קדושת עולם, לכן היה משפט ההר כמו בית הבחירה. 'ואברהם קראו הר, ויצחק שדה (ויעקב קראו בית' - פסחים פח, א). ולכן "וירא המקום מרחוק", פירוש, בזמן שראה אברהם שלא יהיה "בית" רק בבנין שלישי, "וציון שדה תחרש" (ירמיה כו, יח), ושלטו בו ידי ישמעאל ואליעזר (בראשית שם פסוק ה) "שבו (לכם פה) עם החמור", שלא תלכו לההר, כי עוד רחוק שיאמרו כל הגויים "נקומה ונלכה בית ה'" (ע"פ מיכה ד, ב). או יתכן כי אם לא חטאו בעגל ולא נשתברו הלוחות, היה חירות משעבוד מלכיות, והיה אז בית הבחירה ל"בית".

 

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