Dieu n'a jamais voulu ça
Dieu n'a jamais voulu ça
par Jonathan Sacks
Présentation de l'éditeur :
Depuis la nuit des temps, les religions ont servi de justification aux pires crimes. Les trois monothéismes abrahamiques, en particulier, n’ont cessé de se jalouser et de s’entretuer. Faut-il se résoudre à cette fatalité ? Cette haine fratricide a-t-elle son fondement dans les textes sacrés eux-mêmes ? Telles sont les questions que pose sans fard Jonathan Sacks, Grand Rabbin émérite du Royaume-Uni et du Commonwealth et l’un des penseurs juifs les plus audacieux de notre époque.
Pour y répondre, il choisit de se pencher sur les Écritures de sa propre tradition – reconnues comme telles également par les chrétiens. Oui, affirme-t-il, à un premier niveau de lecture, la Bible est bien porteuse de violence. Mais il est possible et nécessaire de la lire autrement : on s’aperçoit alors que sous la surface du texte se déploie un contre-récit puissant qui nous livre les clés théologiques et politiques pour sortir de cette spirale infernale. Dans ce livre très pédagogique, il nous invite tous, croyants et non-croyants, à de défendre cette lecture contre ces fondamentalismes qui prétendent parler – et tuer – au nom de Dieu.
Critique de l'ouvrage, par Franck Benhamou :
Il est rare qu’une grande maison d’édition se permette de publier un livre d’étude, au sens traditionnel du terme. C’est pourtant dans ce projet audacieux qu’Albin Michel s’est lancé avec la traduction d’un livre de Jonathan Sacks, sous le titre « Dieu n’a jamais voulu ça ». Titre qui dessert franchement le propos d’un livre d’une rare profondeur, issu d’années de confrontations avec les textes bibliques et talmudiques.
Le thème assez dans l’air du temps cache en fait un livre rempli de pépites pour le bibliste et le talmudiste. Des lectures toujours audacieuses, des réflexions peu communes, un propos d’une rare cohérence dans ces temps où l’on se plait à confondre l’étude des textes avec un exercice de psycho-sociologie. Si parfois l’on peut s’ennuyer avec quelques généralités sur les rencontres multiconfessionnelles, c’est avec beaucoup de tristesse qu’on referme le livre : on en redemande encore ! Et l’on espère se faire un humble élève qui saura profiter du profond souffle qui anime ce livre pour tenter des lectures aussi percutantes.
Le propos semble apparemment banal : la Bible ne prône pas de tuer au nom de Dieu. Le bibliste sait pourtant que des dizaines de versets plaident contre cette thèse. Et Jonathan Sacks nous prend par la main, sans violence ni hypocrisie, nous fait relire la Genèse, en résout au passage les textes les plus énigmatiques (on pense à la lecture puissante du combat avec l’ange, entre bien d’autres exemples). Un livre qui s’est abreuvé aux sources de la tradition avec un regard moderne et sans illusion. On aimerait le suivre aussi dans ses espoirs sur le dialogue interreligieux, mais la démonstration est moins brillante. A lire et à relire, Bible à la main.
J. Sacks, Dieu n'a jamais voulu ça, Albin Michel 2018
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