Ethique du jugement

Pour une éthique du jugement personnel

 

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par Franck BENHAMOU

 

Une activité occupe et préoccupe beaucoup les humains: juger l’autre. La frénésie classificatoire de l’homme est sans limites: le temps et l’énergie que chacun y met est colossale, juger l’autre est une tâche de fond de l’esprit, parfois discrète, à peine consciente, toujours là.  Thème méprisé s’il en est: quel penseur concèderait qu’une grande partie de son activité solitaire consiste à porter des jugements sur ses congénères ou ses collègues penseurs ? Quel philosophe serait capable d’admettre qu’une grande partie de sa philosophie est fabriquée contre le système de l’autre ?  Juger son prochain semble être une activité vitale : c’est bien là le problème, et nous y reviendrons.

Pourquoi juger l’autre ? Pour mettre les choses et les hommes à leur place, structurer son monde, l’organiser. On garde à distance ce qui dérange, on rapproche ce qui arrange. Comment vivre dans un monde désordonné ? Comment « s »’y retrouver ? Par delà les accusations et les bassesses, est-il possible de donner une éthique du jugement quotidien ?

La sixième michna du premier chapitre du Traité des Pères commande : « Juge tout homme favorablement ». Si l’on s’en tient à cette traduction, que signifie « juger favorablement » ? Faut-il se raconter des histoires sur l’autre, à défaut de l’étiqueter ? Inventer un homme parfait à la place de l’homme réel qui n’est pas à la hauteur de nos jugements ? Ne vaudrait-il pas mieux rester dans l’inconnu ?  Pourquoi faudrait-il se raconter de belles histoires sur l’autre ? Le soupçon n’est-il pas un meilleur conseiller qu’une présomption d’innocence ? Finalement, lue telle quelle cette michna n’est-elle pas une insulte à la réflexion et au bon sens ? 

 

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Date de dernière mise à jour : 08/03/2016

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