Commentaire du Netsiv- Terouma

Cycle : la Parasha d'après le Netsiv*

 

Naftali tzvi iehuda berlin ha natziv 1a

 

Quand le don est dédié par un tiers

 

Notre paracha débute avec l’ordre de D. de prendre un prélèvement, une offrande, afin de pouvoir construire un sanctuaire- le michkan- où la chekhina pourra résider.

Les commentateurs mettent en relief la juxtaposition des termes « veyik’hou » - ils prendront- qui indique une prise de biens même contre le gré de l’individu et « teroumah » - une offrande, clairement un acte volontaire.

Différentes explications sont avancées afin de concilier ce paradoxe : par exemple, en expliquant que puisque de prime abord tout appartient à D. , Il ne fait que « reprendre son bien » ou encore que le don est de fait volontaire, mais qu’une fois qu’une personne s’y est engagée, on la force à respecter sa promesse.

Le Netsiv a une approche différente qui met en relief un aspect particulier de notre identité et individualité au sein de notre Peuple.

Le Netsiv s’attarde d’abord sur le pronom « pour moi » Veyik’hou LI teroumah- Ils prendront une offrande POUR MOI- et nous rapporte l’explication de Rachi- que nous retrouvons dans la Me’hilta  et le Sifri: Pour moi- pour Mon nom, en l’honneur de D. donc.

Ceci implique qu’il est nécessaire que la chose offerte à D. lui soit consacrée dès le départ. Il n’est pas possible de prendre un objet ou un matériau quelconque dédié au mondain et en faire du sacré. Plutôt, le fait même de volontairement décider de s’engager à donner une offrande lui acquiert un caractère saint, élevé.

Il en découle donc que si l’objet en question n’a pas été offert mais pris de force, celui-ci ne pourrait donc devenir saint et deviendrait donc inapte à être utilisé pour la construction du michkan qui est pour et en l’honneur de D. . Comment donc réconcilier les termes utilisés dans l’ordre donné ?

Chaque juif a une liberté individuelle  grâce à laquelle il décide de ses actions. Il peut effectuer-ou  pas- une mitsva. Par contre, dès lors que cet individu se trouve face à la collectivité, à une mitsva collective, entre en scène le concept de Kol Israel Arevim Zé la Zé –tous se partagent la responsabilité commune.

La construction du michkan, tout comme celle d’une synagogue dans une localité n’en étant pas encore munie, est une obligation donnée à la communauté en son entièreté. La liberté individuelle de choisir si nous désirons ou pas nous joindre à l’effort commun se voit donc effacée. Nous y sommes astreints, et nous pouvons être forcés à donner.

Il nous reste à résoudre le problème de consécration d’un objet pour le michkan si ceci ne peut être effectué que par le généreux donateur et que sans cette condition il devient inutilisable.

C’est ici que le Netsiv rétabli la logique des mots du passouk : dès l’instant ou la liberté individuelle est « perdue » afin que la personne puisse faire partie intégrale du klal Israel, ce klal peut à son tour consacrer, au nom de l’individu, l’objet pris de force.

Veyik’hou li teroumah- ils prendront, même de force, pour Moi,  une offrande d’un particulier. Et comme celui-ci fait partie de l’entité qu’est le Am Israel, uni par le commandement ayant trait à la communauté, elle pourra de par cette responsabilité commune consacrer au nom du particulier l’offrande afin qu’elle ait le caractère saint nécessaire. Le michkan pourra donc être construit, que ce soit par les offrandes données volontairement et donc consacrées par l’individu, ou prises de force et consacrées par son appartenance à la communauté.

 

Nathalie LOEWENBERG

 

 

* R. Naftali Tsvi Yéhouda Berlin de Volozhin (1813-1893)

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